Loubna Abidar ne regrette rien, malgré son agression

Héroïne du film de Nabil Ayouch « Much Loved », un film particulièrement mal accueilli au Maroc, l’actrice Loubna Abidar a été victime d’une violente agression au début du mois de novembre dernier à Casablanca. Une agression dont elle s’est fait l’écho sur Youtube en publiant une vidéo sur laquelle elle est apparue le visage tuméfié.

 © Virginie Surd
© Virginie Surd

Puis d’expliquer que des cliniques auraient refusé de la soigner et que des policiers se seraient moqués d’elle, allant même jusqu’à refuser d’enregistrer prendre sa plainte. Et de préciser que l’entre-eux se serait presque réjoui de son sort en faisant plus ou moins allusion au film et notamment à son rôle de prostituée.

Des propos que la préfecture de police de Casablanca  avait plus moins ou démenti  en indiquant que la déposition de la comédienne avait été traitée avec « professionnalisme et objectivité sans aucune considération personnelle ». Puis de préciser qu’elle aurait refusé de signer le procès-verbal avant de recevoir des soins médicaux nécessaires.

Nommée pour le César de la meilleure actrice, Loubna Abidar est revenue cette semaine sur cette agression au micro de RTL, une période particulièrement difficile de sa vie mais qu’elle ne regrette visiblement pas.

« C’est le film de ma vie. Je l’ai fait parce que j’aime beaucoup mon pays  et j’aime beaucoup toutes les prostituées du monde Arabe, qui sont différentes de celles des autres pays. Je les ai défendu à travers ce film » a t-elle notamment déclaré

Et si c’était à refaire ? Elle n’hésiterait pas !   « Si aujourd’hui Nabil Ayouch m’appelait pour faire le même film, je le ferais avec autant d’amour (…) Ces femmes méritent vraiment qu’on les mette en lumière. » a t-elle rajouté.

Quelques jours après son agression, Loubna Abidar  s’était réfugiée en France et se confiait  via une lettre ouverte publiée sur le site du Monde. L’occasion de redonner sa version des faits mais aussi d’expliquer pourquoi elle avait choisi de quitter le Maroc.

Une décision prise parce que son nom était souvent associé à celui de « sale pute », qu’elle lisait au quotidien qu’elle était la honte des femmes marocaines et qu’elle recevait des menaces de mort. Une situation qui l’avait poussée à ne plus sortir de chez elle ou à le faire cachée sous une burqa.

Mais parce que la tension semblait être retombée le  5 novembre dernier, elle avait pris l’initiative de sortir à visage découvert. Et de raconter qu’elle était tombée sur 3 jeunes hommes ivres qui avaient visiblement envie de « s’amuser », l’avaient frappée et insultée durant de longues minutes…

Puis de réitérer ses accusations contre les cliniques et la police « Les médecins à qui je me suis adressée pour les secours et les policiers au commissariat se sont ri de moi, sous mes yeux. Je me suis sentie incroyablement seule ». Seul un chirurgien esthétique aurait accepté de l’aider à sauver son visage tuméfié.

« C’est mon pays, je l’aime, j’y ai ma vie et ma fille, j’ai foi en ses forces vives, mais je ne veux plus vivre dans la peur. On s’attaque à moi pour un rôle que j’ai joué dans un film que les gens n’ont même pas vu » avait-elle ensuite déclaré avant de déplorer une campagne de dénigrement alimentée par les conservateurs, nourrie par les réseaux sociaux,  et légitimée par une interdiction de diffusion du film.

Pour info, le film »Much Loved » a été particulièrement mal accueilli au Maroc et même interdit de projection. Les autorités l’ont qualifié « d’outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine » estimant même qu’il était « une atteinte flagrante à l’image du royaume »

Synospis du film « Much loved » : Marrakech, aujourd’hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d’amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.


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