Pour Anne Sinclair, Hollande a été traité comme une vedette du showbiz [VIDEO]

Crédits : PR Photos
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En pleine affaire « Hollande/Gayet » et alors que le Président a officialisé la fin de sa relation avec la journaliste Valérie Trierweiler, Anne Sinclair était l’invitée d’Europe 1 hier matin. Pour elle, le chef de l’état a été traité comme une vedette du showbiz.


Tout de suite ses principales déclarations… à commencer par ses commentaires sur cette affaire qui a fait la une de tous les médias durant plusieurs semaines.

Est-ce que vous avez été surprise par l’ampleur prise par les révélations de Closer sur François Hollande et Valérie Trierweiler, sincèrement ?

« Je n’ai pas été surprise. La presse people, on sait ce qu’elle est, et on sait quels sont ses ressorts, qui sont des ressorts commerciaux. D’ailleurs, je crois qu’il faudrait arrêter d’appeler ça de la presse people, parce que c’est une opération commerciale. Ils ont essayé, avec ce qui n’était même pas un scoop… »


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Quand même !

« C’était pas un scoop mais des photos où on n’identifiait personne. »

Et en même temps, on en a tous fait, on l’a tous repris : vous, nous, même les médias qui, au début, disaient « pas de ça chez nous », ils se sont largement rattrapés…

« Exactement. Je voudrais dire deux choses. D’abord, la nouveauté, là-dedans, c’est que le président de la République a été pour la première fois traité comme une vedette du showbiz. C’est-à-dire que ce qui était jusque-là réservé à Vanessa Paradis, Johnny Hallyday ou à la famille princière de Monaco, a été appliqué au président de la République, quel que soit l’impact que cela pouvait avoir sur la vie nationale. Autrement dit, on est bien là, et vous le savez mieux que personne, dans une séquence très importante du quinquennat, qui aurait pu être complètement bousculé et qui a été parasité par cette annonce. Donc c’est une responsabilité qui a été prise par un groupe qui, bon… pour des raisons commerciales uniquement. Par ailleurs, le vrai sujet, et là je vous rejoins, c’est que l’ensemble de la presse, dans la mesure où c’est devenu public, a repris l’information. Simplement, il y a reprendre et reprendre. Je pense que nous, au Huffington Post, on a été assez décent, assez digne. Il y a un certain nombre de journaux qui se sont abrités derrière : « Ah, c’est pas nous, c’est la presse people. Donc à ce moment-là, c’est un événement, il faut qu’on le reprenne. » Et donc, qui ont, à longueur et à longueur, fait des émissions, des reportages et des débats, pour savoir si c’était légitime ou pas légitime. Cela dit, la presse générale a été plutôt sobre, parce qu’il n’y avait pas de scandale. Au fond, cette affaire n’avait aucune implication politique. »

Et à propos de François Hollande, président de la République ?

« Je n’ai pas de commentaire à faire parce que j’estime qu’on ne doit pas juger un personnage public dans sa fonction publique par son histoire privée et ses aventures sentimentales. Ça ne nous regarde pas. »

Vous, vous avez fait plusieurs fois, malgré vous, la une de ce magazine people, Closer. Vous avez été « paparazzée », comme on dit. Comment on le vit quand on voit, un matin, qu’on est à la une de la presse people ?

« Pas bien. »

Pas bien ?

« Non. Et on en pense ce que vous pouvez penser ce qu’on en pense. »

Mais est-ce inéluctable quand on choisit d’être dans la sphère publique, est-ce qu’il faut l’accepter ?

« Je crois que quand on aspire à des responsabilités politiques, et François Hollande l’a parfaitement résumé, un président de la République se doit d’avoir une vie assez transparente, quoi que cette histoire, là encore… »

C’est un peu contradictoire avec ce que vous disiez tout à l’heure..

« Non ! Je dis que s’il ne veut pas avoir d’inconvénient, il doit avoir une vie transparente. Mais cela dit, tant que cette vie n’a pas d’incidence sur la vie publique, je considère qu’on n’a pas à lui demander des comptes. Mais aujourd’hui, les fonctions suprêmes appellent un oubli suprême de soi. »

Comme vous, Valérie Trierweiler est une journaliste qui a choisi de mettre sa carrière entre parenthèse pour un homme politique. Avec le recul, vous vous dites que c’était une erreur de faire ça ?

« Mettre sa vie en parenthèses parce que son conjoint a des fonctions, ça dépend des fonctions qu’il exerce et qu’on exerce. Moi, j’avais décidé d’arrêter 7 sur 7 pour des raisons de liberté et de déontologie, parce que j’estimais que ce n’était pas compatible… »

À l’époque où Dominique Strauss-Kahn était ministre de l’économie.

« Exactement, mais là, vous me parlez de temps très anciens. Et en fait, c’était simplement une question de liberté. J’avais le sentiment que j’aliénerais ma liberté si on pouvait me dire que je posais telle question parce que j’étais liée à telle personne. Mais chacun réagit là-dessus comme il le souhaite et je n’ai jamais donné de leçon à qui que ce soit. »

Il y a un livre qui est sorti il y a quelques jours qui s’appelle « La ballade de Rikers Island », du nom de la prison où DSK a passé quatre jours en mai 2011. Son auteur, Régis Jauffret, parle de vous. Il écrit : « C’est une victime dans la mesure où c’est une martyr qui n’est pas volontaire, elle n’a fait que subir. » Vous vous reconnaissez dans cette phrase ?

« Je n’ai rien à dire. »

Aucun commentaire ?

« Aucun. »

Pour finir, je voudrais vous citer Valérie Trierweiler : « Si François Hollande n’avait pas été président, peut-être serions-nous encore ensemble. » Est-ce que le pouvoir change les hommes à ce point-là ?

« Je l’ignore. Je suis incapable de trancher. Vous savez, je trouve qu’on a énormément glosé sur les arrière-pensées et la vie d’un couple. Je pense que personne ne sait ce qu’il se passe, dans un couple. Et seule Valérie Trierweiler et François Hollande sont amenés à dire la réalité. Si elle le dit, c’est que sans doute elle le pense. »

Valérie Trierweiler, elle pourrait travailler demain au Huffington Post ?

« Oh, j’ai peur que nous n’embauchions pas des journalistes aussi confirmés. Nous avons des journalistes jeunes, qui sortent d’écoles de journalisme, et ils sont extraordinairement performants. Mais si elle s’intéresse au web et qu’elle n’est pas trop gourmande… »

Anne Sinclair est également revenue sur le succès du site Huffington Post dont elle est la directrice éditoriale.

Ça fait deux ans maintenant que vous avez lancé la version française de ce site américain. Votre objectif affiché, c’était d’être à l’équilibre en 2014. Est-ce que ce pari sera tenu ?

« 2014, il nous reste encore toute l’année. Je ne vais pas faire comme François Hollande qui attend l’inversion de la courbe du chômage mais… bon, le marché de la publicité est très concurrentiel ici en France, il y a énormément de titres. Pour l’instant, on n’est pas encore rentable mais je pense que fin 2014, début 2015, on devrait l’être. En tout cas, on est dans une progression considérable parce qu’on a commencé avec un peu plus d’1 million de visiteurs uniques par mois, et nous sommes à 3 millions et demi. Donc, nous sommes très contents et très fiers. »

On vous a connue intervieweuse star de la télé, proche par alliance de la sphère politique. Aujourd’hui, à quoi ressemble cette vie de patronne de presse, Anne Sinclair ?

« Ecoutez, c’était un défi que de lancer un titre qui était imprononçable, le Huffington Post. »

Ça le reste, d’ailleurs…

« Ça le reste, mais les gens ont commencé à s’habituer, parce qu’apparemment, ils viennent, quand même. Donc c’était un titre imprononçable, une référence américaine, personne ne comprenait exactement ce que nous faisions, nous étions totalement inconnus, et donc nous avons réussi une percée. »

On voit aujourd’hui des sites d’infos qui fonctionnent de mieux en mieux sur internet, des journaux papier dont les ventes s’effondrent. Est-ce qu’on est en train de changer de monde, dans la presse ?

« Oui, je crois que nous sommes en train de changer de monde. Hélas, la presse ne se porte pas bien, dans un pays où, déjà, la morosité est grande, où le pouvoir d’achat des gens diminuent, donc payer un titre cher… La presse gratuite envahit les rues, le nombre de kiosques diminue… »

Et on trouve tout sur internet

« Oui, on trouve tout sur internet : le pire et le meilleur. Donc, qu’est-ce qu’il reste au fond ? La signature des journalistes, il reste le métier de journaliste. Et le métier de journaliste, c’est trier, choisir, re-hiérarchiser. Quand vous pensez qu’avec votre téléphone portable, au fond, n’importe qui, à Kiev, est journaliste et peut répandre dans le monde entier une information, qu’est-ce qu’il reste aujourd’hui aux journalistes ? Il reste à aller au-delà, à analyser, à approfondir, à décoder et à mettre en perspective. »

Tout de suite l’intégralité de cette interview en images


Anne Sinclair sur Europe 1 : l'intégrale par Europe1fr



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