Jérôme Lavrilleux : « Je voterai Sarkozy à la primaire »

Alors que l’élection du nouveau président de l’UMP s’approche à grands pas, Jérôme Lavrilleux a déclaré ce matin sur Europe 1 qu’il voterait Nicolas Sarkozy pour la primaire. Tout de suite une compilation de ses principales déclarations au micro de Thomas Sotto .


capture Europe 1 by Dailymotion
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Vous avez été exclu de l’UMP. Vous l’acceptez ?

« C’est quelque chose d’assez burlesque : on a exclu quelqu’un qui n’est plus membre de l’UMP. Michèle Alliot-Marie l’a bien résumé en refusant de se prêter à cette mascarade, en précisant que c’était une première : on exclut quelqu’un qui n’est plus membre de l’UMP. On est passé du grotesque au burlesque, je ne sais pas quelle sera la prochaine étape. Ça me rend triste pour une famille politique à laquelle j’ai appartenu pendant 25 ans. J’ai adhéré au RPR en tant que militant en mars 1989, et depuis j’ai donné une grande partie de vie pour cette formation politique. Je suis désolé que des personnes oublient l’essentiel et en arrivent à certaines extrémités pour satisfaire des petites rancœurs, des petits caprices de certaines personnes qui n’ont pas accepté leur défaite aux élections internes de novembre 2012. Essentiellement François Fillon et son entourage… »

Il est à l’origine de votre exclusion de l’UMP ?


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« J’ai vu dans l’Opinion un proche de François Fillon dire qu’il quitterait l’UMP si Jérôme Lavrilleux n’était pas exclu, je pense qu’il a fallu lui donner satisfaction. »

On ne peut pas résumer l’affaire Bygmalion à François Fillon et à un règlement de comptes entre copéistes et fillonistes ?

« Je ne l’ai pas résumée à cela mais la procédure d’exclusion, elle est celle-là ! En France, il y a un principe de présomption d’innocence, il y a une enquête en cours. Il faut avoir confiance dans la Justice de son pays : c’est mon cas. »

L’UMP parle juste du préjudice d’image, du préjudice moral…

« Et le préjudice, dont j’ai cru comprendre en écoutant M. Chatel, dire qu’il me reprochait d’avoir dit la vérité si j’ai bien compris… Si c’est le reproche qu’on peut me faire, ça me permet de me regarder dans la glace : je pense que ce n’est pas le cas de tout le monde. »

Vous allez demander votre réintégration ou vous tournez la page ?

« Non, je ne suis plus adhérent de l’UMP. Au moins de l’UMP telle qu’elle existe aujourd’hui. C’est une décision prise par une direction intérimaire que j’estime être totalement illégitime : cette direction, composée de trois anciens Premiers ministres, n’a jamais été élue par les militants contrairement à ce que prévoient les statuts, et ce triumvirat d’anciens Premiers ministres à la retraite, son rôle n’est même pas écrit dans les statuts : donc c’est une direction pour moi illégitime et illégale mais ça ne me concerne plus puisque je ne suis plus adhérent de l’UMP… »

Vous en voulez à François Fillon et aussi à Alain Juppé ?

« Je remarque juste que, pour un parti politique, qui essaie de défendre une certaine vision de la société, on réserve un traitement particulier aux uns et aux autres selon que vous êtes puissant ou selon que vous ne soyez pas aussi puissant qu’un ancien Premier ministre. Je remarque qu’Alain Juppé a été condamné de manière définitive sur des affaires liées au financement de parti politique ! Il a attendu d’être condamné définitivement pour quitter la présidence de l’UMP : jamais aucune mesure d’exclusion n’a été prononcée à son encontre. »

Il ne devrait pas avoir d’avenir politique à l’UMP ? Il est candidat à la présidentielle ou en tout cas à la primaire…

« Oui, c’est déjà une étape à franchir… Celle-là, je pourrai y voter, elle sera ouverte à l’ensemble des Français. Je peux vous promettre que je ne voterai pas pour Alain Juppé compte tenu de son comportement… Je pense qu’il faut avoir une certaine ligne directrice. Il a payé pour sa condamnation mais je pense qu’on ne peut pas tout oublier dans la vie, et qu’il aurait dû avoir un comportement tout à fait autre. »

Vous voterez pour qui ?

« Nicolas Sarkozy, s’il se présente. »

Vous n’avez eu aucun contact depuis que cette affaire a éclaté ?

« Je n’ai pas recherché de contact avec Nicolas Sarkozy depuis que cette affaire a éclaté, j’imagine qu’il a beaucoup d’autres activités à faire, mais il m’arrive de rencontrer régulièrement certains de ses proches… »

Copé aurait parlé de grenade dégoupillée à votre sujet. Qui doit trembler ?

« Je n’ai pas l’impression d’avoir une tête de grenade dégoupillée, je ne suis une menace pour personne… Je suis simplement un citoyen engagé qui a fait une campagne électorale et qui est à la disposition de la Justice pour répondre aux questions légitimes qu’elle voudrait me poser… »

Votre famille politique réussit à vous faire taire ? Vous portez seul le chapeau ?

« On verra s’il y a un chapeau à porter… Je ne dérobe jamais, je déteste l’hypocrisie et une certaine forme de mensonge. On me pose des questions, j’y réponds. »

Hypocrisie, mensonge de qui ?

« Je ne sais pas, interrogez tous ceux que vous interrogez qui ont tous un avis sur l’affaire dite Bygmalion, mais un avis qui est orienté politiquement pour régler des petits comptes entre eux… »

Ceux qui étaient sur une autre planète en 2012, c’est ceux qui n’avaient soi-disant jamais entendu parler de Bygmalion ? Nicolas Sarkozy, Luc Chatel, Brice Hortefeux, Alain Juppé, Henri Guaino ?

« Nicolas Sarkozy avait autre chose à faire que d’entendre parler de Bygmalion, il était Président de la République et candidat à l’élection présidentielle… »

Bastien Millot dit qu’il est difficile de penser que Sarkozy n’était au courant de rien…

« Je ne peux pas me mettre à la place de Nicolas Sarkozy, je peux juste vous dire que je n’ai jamais parlé de ce genre de sujets avec lui. Après, d’autres personnes ont-elles parlé à Nicolas Sarkozy ? Je n’en sais strictement rien, ce n’était pas ma fonction, ce n’était pas mon rôle. »

Vous étiez un intime de Copé. Vous comprenez qu’il est difficile de croire que vous n’en ayez jamais parlé avec lui ?

« C’est justement parce que j’étais intime et proche de Jean-François Copé que je ne lui en ai pas parlé ! Ça aurait été lui créer un grave problème de le faire ! »

Vous regrettez de ne pas en avoir parlé à Copé ? De ne pas avoir alerté Nicolas Sarkozy ?

« Ah ! Est-ce que je regrette de ne pas avoir fait un travail qui ne m’incombait pas ? Oui sans doute, voilà. Croyez-moi que je porte ma croix en la matière chaque jour. Mais est-ce que c’était à moi de le faire ? Je ne le pense pas. »

C’était à qui ?

« A ceux dont c’était la responsabilité. »

C’est à dire ?

« Les personnes chargées de l’organisation de la totalité de la campagne… »

Eric Cesari, Fabienne Liadze, sont des noms qui reviennent…

« Vous n’avez pas d’autres noms ? J’étais directeur adjoint de la campagne, il y avait un directeur de campagne. Il organise toute la campagne. »

Il n’y a pas eu d’enrichissement personnel ?

« C’est ma conviction : ni à l’UMP, ni à Bygmalion… Le trésor de guerre dont on a accusé Jean-François Copé d’avoir constitué une réserve pour une future campagne présidentielle. Ce sont des accusations qui ont été professées par des salopards, qui poursuivaient des buts de petite vengeance politique. »

Qui ?

« Des gens qui avaient envie de couper la tête de Jean-François Copé. »

François Fillon ?

« J’ai un reste de bonne éducation, je ne permettrais jamais d’affubler François Fillon, ancien Premier ministre de la France, d’un tel qualificatif… »

Mais de le penser ?

« Non… Vous savez, ce que je pense, en général je le dis… »

Comment pouvez-vous être certain qu’il n’y a pas eu enrichissement personnel chez Bygmalion ?

« J’en suis certain mais comme je n’ai pas une science infuse, c’est tout le travail des enquêteurs… C’est à eux de le faire… »

Vous connaissiez le fonctionnement interne de la société ?

« Non, je ne suis pas actionnaire ou salarié… »

Donc c’est la présomption d’innocence…

« Et pour le moment personne ne m’en a apporté la preuve du contraire ! »



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