Jean-Pierre Raffarin : « Manuel Valls ? Possible que ce soit un bon choix »

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Ce matin à 8h20, Europe 1 recevait Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, et sénateur UMP de la Vienne. L’occasion pour lui de commenter le fait politique du jour, la nomination de Manuel Valls au poste de premier ministre.


Ses principales déclarations :

Quand un Président apprend à son Premier ministre que l’heure est venue de se séparer… Le choc ressemble à la foudre ?

« Ça ressemble quelques fois à la foudre mais ça peut être pacifique, serein, affectueux, comme ce fut le cas me concernant. J’avais été nommé à la tête d’un gouvernement de mission dont la mission était approximativement de 3 ans donc les échéances étaient claires entre Président et Premier ministre : en 2004 je savais que je ne partirai pas, en 2005 je savais que je partirai. »


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Un jour, vous vous dites « C’est le moment de se dire au-revoir… », que la loyauté ne suffit pas…

« En ce qui me concerne, les choses ont été claires et programmées mais je note, semble-t-il, hier, que le Premier ministre s’est accroché, je ne sais pas exactement comme ça s’est passé. Mais ça n’a pas été très serein semble-t-il, mais personne ne sait comment ça se passe vraiment entre eux deux… »

Il a révélé de Matignon sa lettre de démission sans attendre la réponse du Président…

« Ça faisait un peu improvisé, mal coordonné. Ce n’était pas brillantissime comme relation semble-t-il… »

Mitterrand et Mauroy racontent qu’ils ont pleuré…

« Ça dépend de la relation de confiance, c’était le cas entre Mitterrand et Mauroy, entre Jacques Chirac et moi. Quand on a une relation de confiance, qu’on attend pas un mauvais coup, les choses s’organisent paisiblement, sereinement. »

Manuel Valls, un bon choix ?

« Je ne réponds pas par une affirmative mais une interrogation. C’est possible que ce soit un bon choix. C’est peut-être le premier acte de courage du Président Hollande. Depuis deux ans, la gauche de la gauche l’empêche de gouverner, créé un certain nombre de tensions. Exemple avec les syndicats dans la rue après l’annonce du pacte de responsabilité. Nous sommes le seul pays du monde où l’on manifeste contre des allègements de charges, c’est incroyable ! »

La nomination de Valls malgré les réticences de la frange gauche serait le signe qu’il va désormais trancher ?

« C’est peut-être la glande clarification : il nous dit social-démocrate, il choisit la droite de la gauche plutôt que la gauche de la gauche, c’est une orientation qui ne peut pas déplaire aux gens de droite et du centre que je représente. Tant qu’à avoir quelqu’un de gauche à Matignon, mieux vaut quelqu’un de la droite de la gauche que quelqu’un de la gauche de la gauche, évidemment. »

En intervenant le lendemain du désastre, le Président réduit les commentaires sur les municipales…

« Il y a certainement un peu d’habileté mais il ne masquera pas que cet échec est l’échec le plus importante de toute une génération concernant les élections municipales. Quand les villes de Niort ou de Limoges basculent, ça montre combien tout ceci est important en terme de sanction : ça ne s’efface pas en 24 heures. »

Les personnalités de Hollande et Valls vont se neutraliser, s’additionner ?

« Le Premier ministre est là pour additionner, pas neutraliser. Il est là pour prendre les engagements que le Président donne. Hier, un engagement assez fort : le Président rappelle que ce sont les entreprises qui font l’emploi. Je pense que la sanction est d’abord sur le chômage. La mission du Premier ministre aujourd’hui, ce n’est pas de penser à sa carrière, pas de parler tous les matins un comme le faisait son prédécesseur, et un certain nombre de gens de la majorité, du Front National ou de la politique. Ce que veulent les Français, c’est que le Premier ministre s’occupe de l’emploi. »

Que doit éviter Valls à Matignon ?

« De se disperser. Il n’est pas là pour être numéro 1 de la France qui règle tous les problèmes. Il est là pour mettre en ordre l’action contre le chômage, mener une bataille. Le Président parle d’un gouvernement de combat ; je préfère l’expression de Jacques Chirac, gouvernement de mission. Mais c’est clair : il ne faut pas se disperser. Le danger à Matignon, comme tous les dossiers remontent, c’est la dispersion, perdre l’objectif central. »

Quelles qualités lui reconnaissez-vous ?

« Il a de la détermination, une certaine forme de pédagogie. Evidemment c’est un communicant : ça pourra lui être utile. »

Pacte de responsabilité, de solidarité, pacte social avec économies… L’addition de ces trois pactes est cohérente ? C’est une garantie de réussite pour la France ?

« Je pense qu’il y a un peu de cosmétique dans tout cela. On ne peut pas à chaque conférence de presse ou intervention rajouter un pacte au pacte. Ce qui compte, c’est le pacte pour l’emploi, c’est ça la priorité des priorités. Le Président ne devrait pas chercher à trop disperser l’action. Nous sommes dans une crise très grave : pensez que nous avons 60.000 faillites, ça veut dire plus de 1.000 dépôts de bilan par semaine dans le pays. C’est ça le sujet : parce qu’actuellement la France se dégrade, se déclasse. C’est très grave : pour les Français, dans leur vie quotidienne, ça touche l’emploi. »

« L’Europe doit prendre en compte les efforts faits par la France pour la compétitivité et la croissance » : une façon de prévenir Bruxelles que la France va demander un nouveau délai ?

« On peut le craindre ! La vision pessimiste, c’est que le Président anticipe que Manuel Valls ne pourra pas faire de réformes. J’espère que ce ne sera pas le cas, je crois que Manuel Valls devra faire des réformes. Dans la situation où il est, il doit choisir : il est réformateur ou percepteur. Soit il fait des réformes pour faire des économies, soit il lève des impôts. Les Français ne veulent plus d’impôts ! Qu’il soit réformateur, et non plus percepteur ! »

Le Président dit réduction des impôts en 2017…

« Pour cela, il faut réduire les dépenses et donc y aller fort ! C’est pour cela qu’on a besoin d’un Premier ministre réformateur ! S’il a de l’énergie et de l’ambition, qu’il les mette sur cet objectif. »

Vous vous dites qu’ils prennent en compte la dégelée et on va voir des vrais réformateurs ?

« Je crois que le Président doit passer à l’acte : trois mois après l’annonce du pacte de responsabilité, toujours rien. 1.000 dépôts de bilans par semaine… Très vite, à l’action ! Passage à l’acte. »

Duflot et Canfin seront absents, il y aura d’autres verts dans le gouvernement. Qu’ils ne soient pas là, est-ce grave ?

« Ça ne me parait pas grave. Les écologistes en France, contrairement à d’autres pays, appartiennent à la gauche de la gauche. Ce que je souhaite, c’est que le Président ait vraiment fait une clarification dans ses options. Qu’il ait choisi la social-démocratie, c’est moins grave que la gauche de la gauche… »

Le Sénat pourrait passer à droite. Serez-vous candidat à la présidence du Sénat ?

« Il s’agit d’un projet d’alternance qui doit nous mobiliser collectivement. Je pense qu’il faut trois choses : qu’on propose une réforme du Sénat pour lui donner plus de crédibilité et rétablir la fierté des Sénateurs, il faut aussi des investitures qui soient ordonnées car la dernière fois nous avons perdu plus par les divisions que par la gauche, et il faut un accord national entre UMP et l’UDI. Si nous avons ce pacte, ce projet d’alternance du Sénat, une fois qu’il sera défini, nous verrons qui l’incarnera le mieux. »

Vous serez candidat à ces conditions-là ?

« Je vous dis qu’on peut gagner le Sénat pour peu qu’il y ait un projet d’alternance : il faut y travailler, avant de s’occuper des candidatures… »

Donc vous y travaillez-vous ne répondez pas…

« Mais je ne répondrai pas à vos pressions : quand on veut discuter avec l’UDI et les sénateurs, il ne faut pas imposer son orientation avant d’avoir écouté les autres. »


Raffarin : le remaniement " n'a pas été très… par Europe1fr



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