Michel Hidalgo : « La FIFA a besoin d’un homme comme Michel Platini »

Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait Michel Hidalgo, ancien sélectionneur de l’équipe de France de football. Au micro de Thomas Sotto, il est bien sûr revenu sur la victoire de la France face au Honduras mais a aussi évoqué l’avenir de la FIFA.


Morceaux choisis…

« Comment avez-vous trouvé les Bleus, hier soir face au Honduras ? »

« On peut dire qu’ils ont réussi leur coup d’envoi avec autorité et – je vais mettre un joueur en avant, même s’ils sont tous à féliciter – avec un Karim Benzema en grande forme. C’est une entrée idéale pour une Coupe du monde. »


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Réussir son premier match, c’est si important que ça ? On se rappelle que vous, en 1982, vous aviez perdu contre l’Angleterre 3-1, ça ne vous avait pas empêché de faire une très belle Coupe du monde derrière.

« Non, c’est pas toujours quelque chose de réglé. Mais quand on débute comme ça, c’est quand même mieux. Quand on a les points, qu’il n’y a pas de blessés… On n’a pas usé l’équipe avec ce match-là. Avec cette supériorité numérique en deuxième mi-temps, les Bleus ont pu s’économiser en deuxième mi-temps pour la suite. C’est la suite qui va être importante. »

Justement, comment on gère un après premier match ? Ce n’est que le début de quelque chose, il y a une gestion nerveuse de l’événement, aussi.

« Oui, mais à partir du moment où il y a le premier match avec les points, les buts et la satisfaction, c’est plus facile à suivre. Il y a deux qualifiés. Au deuxième match, on va rencontrer nos principaux adversaires. Là, la France a montré qu’elle avait les moyens d’aller plus loin, peut-être très loin. Attendons quand même : ils ont réussi leur premier match, un deuxième arrive dans quelques jours. »

On a assisté à une première historique dans le football avec la validation d’un but par arbitrage électronique. Ça vous plait comme innovation ? Vous avez été convaincu ?

« Convaincu… On ne savait pas s’il y avait but ou pas. Si quelque chose peut nous rassurer dans ce domaine-là, c’est bien. Mais bon, on va se servir de ça toutes les 3 ou 4 Coupes du monde. Ça n’arrive pas très souvent, ça. C’est arrivé il y a très longtemps, on n’avait pas ces engins… Je ne savais pas s’il y avait but ou pas. »

©Europe 1 (capture écran by Dailymotion)
©Europe 1 (capture écran by Dailymotion)

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Vous le trouvez comment, le foot d’aujourd’hui, avec toutes ces stars ? A votre époque, c’était pareil ? Des stars, mais qui ne croulaient pas sous les millions. Il a changé, votre sport ?

« Au point de vue millions, vous avez raison, les choses ont bien changé. Mais ça fait rien. Il y a beaucoup de jeunes joueurs dans cette équipe de France qui ne sont pas encore des stars. C’est à eux de le devenir. Cette coupe du monde est un moyen de franchir quelques étapes et quelques marches d’escalier. On a vu quand même une star, hier, c’est Benzema. »

C’est vraiment important d’avoir un leader comme ça, qui se détache ? Quel va être son rôle, Karim Benzema, psychologiquement ?

« Celui qu’il a eu hier : marquer des buts. Il y a eu une période où il ne marquait plus. Avoir un Benzema en grande forme, c’est une entrée idéale pour l’équipe de France. Donc… Il y a Benzema, mais si c’est pas lui qui marche, il y en aura d’autres pour prendre la suite. Les Bleus, hier, ont gagné le match, montré qu’ils ont du talent. »

Quel doit être le discours du sélectionneur ?

« Oh, c’est de leur dire : « Bravo, vous avez gagné, je vous félicite, mais entre nous, c’était normal que ce soit vous, les vainqueurs. » C’est au prochain match qu’on saura si cette équipe-là – à laquelle je trouve beaucoup de qualités – sera capable d’aller très loin dans cette Coupe du monde. »

Ça veut dire quoi, très loin ?

« Quart de finale. Et puis une fois en quart de finale, vous allez en demie et tout est possible. C’est pas aussi simple que ça mais cette équipe a les moyens de faire ça. »

Vous savez que quand on regarde le tableau le quart de finale pourrait bien être contre l’Allemagne. On n’a jamais gagné contre l’Allemagne !

« Si vous nous mettez tout de suite face aux grands concurrents du Brésil, bien sûr que ça va être difficile. Mais ça pourrait être quelqu’un d’autre. »

Michel Hidalgo, vous aimeriez que, plus de trente ans après la demi-finale de Séville, l’équipe de France de Didier Deschamps venge la vôtre en éliminant l’Allemagne en Coupe du monde ?

« Il faudrait éliminer l’Allemagne en demi-finale. Quelle revanche ce serait ! Je vais leur demander, d’ailleurs. »

Vous l’avez digérée, cette défaite, vous ?

« Ah non, non (…) Cette défaite, elle est anormale. On ne sait pas ce qu’il y a eu mais l’arbitre n’a pas sanctionné comme il aurait dû le faire. On ne sait pas si on aurait gagné la finale mais on nous en a privé, en tout cas. J’ai jamais vu des joueurs aussi touchés après un match. J’avais des hommes au début de la rencontre. Après, dans le vestiaire, j’avais des enfants. Des gens qui n’arrivaient plus à ne plus pleurer. C’a été très dur. »

Parmi eux, il y avait un géant, Michel Platini, qui sera peut-être le prochain président de la FIFA. Vous l’encouragez à y aller ?

« Bien sûr ! Quand il a pris sa retraite, personne n’imaginait qu’il prendrait la tête de l’UEFA. On l’imaginait davantage entraîneur, mais lui, c’était pas vraiment son truc. Et là, bien sûr, la FIFA a besoin d’un homme comme Michel Platini. Blatter a très bien fait les choses mais il y a un temps pour tout. Il est âgé, maintenant. Platini arrive avec des idées nouvelles, sa forme de jeunesse, et le football en a besoin. »

Si vous aviez un conseil à donner à Didier Deschamps ?

« Oh, j’ai pas de conseil à lui donner. »

Mais si, quand même.

« De se dire qu’il a une belle équipe et qu’il doit faire honneur au football français. »



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