Loubna Abidar : pourquoi elle a quitté le Maroc

Comme nous l’avons évoqué la semaine dernière, l’actrice Loubna Abidar a donc quitté le Maroc pour se réfugier en France après avoir été victime d’une agression  survenue à Casablanca dans la nuit du 5 au 6 novembre dernier. Dans une vidéo publiée sur Youtube, et avec le visage tuméfié, l’actrice avait ensuite expliqué que des cliniques avaient refusé de la soigner et que des policiers s’étaient moqués d’elle refusant d’enregistrer sa plainte.

Des propos rapidement démentis par la préfecture de police de Casablanca selon laquelle sa déposition aurait été traitée avec « professionnalisme et objectivité sans aucune considération personnelle ». Puis de préciser que l’actrice aurait refusé de signer le procès-verbal avant de recevoir des soins médicaux nécessaires.

 © Virginie Surd
© Virginie Surd

Aujourd’hui, et via une lettre ouverte publiée sur le site du Monde, l’actrice se confie enfin, explique ce qui s’est passé et surtout pourquoi elle a pris la décision de quitter le Maroc.

Depuis la sortie du film « Much Loved », elle a précisé que son nom était souvent associé à celui de « sale pute », qu’elle lisait au quotidien qu’elle était la honte des femmes marocaines et qu’elle recevait des menaces de mort. Une situation qui a poussé l’actrice à ne plus sortir ou presque de chez elle ou à le faire cachée sous une burqa.

Mais parce que la tension semblait être retombée le  5 novembre dernier, elle avait pris l’initiative de sortir à visage découvert. Et de raconter qu’elle était tombée sur 3 jeunes hommes ivres qui avaient visiblement envie de « s’amuser ». Frappée et insultée durant de longues minutes, elle semble consciente que d’autres auraient pu la tuer.

Puis de réitérer ses accusations contre les cliniques et la police « Les médecins à qui je me suis adressée pour les secours et les policiers au commissariat se sont ri de moi, sous mes yeux. Je me suis sentie incroyablement seule ». Seul un chirurgien esthétique aurait accepté de l’aider à sauver son visage tuméfié.

Même si Loubna Abidar dit aujourd’hui regretter certaines déclarations de colère, elle a préféré quitter le Maroc. « C’est mon pays, je l’aime, j’y ai ma vie et ma fille, j’ai foi en ses forces vives, mais je ne veux plus vivre dans la peur. On s’attaque à moi pour un rôle que j’ai joué dans un film que les gens n’ont même pas vu » a t-elle déclaré avant de déplorer une campagne de dénigrement alimentée par les conservateurs, nourrie par les réseaux sociaux,  et légitimée par une interdiction de diffusion du film.

Au Maroc « Much Loved » a été interdit de projection. Les autorités l’ont qualifié « d’outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine » estimant même qu’il était « une atteinte flagrante à l’image du royaume »

Synospis du film « Much loved » : Marrakech, aujourd’hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d’amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.


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