Lilian : « Ma grande chance, les frères Kouachi n’écoutaient pas les médias »

Lilian est graphiste. Ce vendredi 9 janvier 2015, il était dans l’entrepôt de Dammartin-en-Goële, un entrepôt dans lequel s’étaient retranchés les frères Kouachi. Il y est resté caché jusqu’à l’assaut final des forces de l’ordre. Ce matin, il était l’invité de Thomas Sotto sur Europe 1.


Nous vous proposons tout de suite de découvrir une compilation de ses principales déclarations

capture Europe 1 by Dailymotion
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« C’est grâce à mon patron, M. Catalano, que j’ai pu leur échapper. Il les voit en premier : il me prévient et va à leurs devants. Je vais tout de suite dans le réfectoire, je me cache sous l’évier. Le fameux évier qui m’a porté chance ce jour-là ! C’est au premier étage, les individus étaient encore en bas, à l’accueil. »

« On a un peu bloqué : on se dit que c’est pas réel, on a du mal à y croire. Tétanisé ? Non mais stressé un peu ! On ne pense pas à s’échapper ou à faire le héros : on a trouvé une cachette, on écoute ce qui se passe dehors pour savoir comment ça se déroule, il y avait quand même d’autres personnes, donc en l’occurrence mon patron, on attend de savoir comment ça se passe. »


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« On avait suivi les informations la veille, on savait qu’ils étaient dans le secteur : ça n’a fait qu’un tour dans la tête, on savait que c’était eux et ils l’ont dit clairement. Dès que mon patron a dit qu’il y avait deux kalachnikov… »

« C’est très confiné : 90 par 70 par 50 de large ! On est en position fœtale, le moindre mouvement fait du bruit ! On essaie juste de se replacer un peu car on a très très mal mais les positions sont très limitées. »

« De là où j’étais, j’entendais les frères Kouachi, les murs sont assez fins, le sol résonne. Le meuble où j’étais caché avait un mur mitoyen avec le bureau de mon directeur où ils étaient retranchés. Il y avait des choses audibles, d’autres non. Ca dépendait aussi de ma concentration ! Ils ont fait la morale à mon patron à un moment. Et puis ils ont aussi arrêté de parler. »

« J’ai perdu la notion du temps. Quand j’ai commencé à avoir faim, je me suis dit qu’il devait être midi. Mais le temps passe très très lentement, et on espère qu’une chose : que ça passe très vite. »

« Ils sont venus à proximité de cet évier. Ils ont fait un tour dans le pièce, un des deux est venu boire un verre d’eau au-dessus de moi. S’il avait voulu s’essuyer les mains, en prenant la serviette étendue sur la porte qui me cachait, ça aurait ouvert la porte, j’étais dedans… »

« Quand ils sont dans la pièce, tout se coupe : le cerveau s’arrête de penser, la respiration s’arrête de fonctionner, le cœur s’arrête de battre, on espère qu’ils vont partir très vite. »

« J’ai pris contact avec ma famille par texto. Je croyais que j’avais encore deux collègues au main des individus. Dans la journée, j’ai cru entendre des coups de feu, j’ai cru qu’ils les avaient tués. On se sent encore plus seul que le restant de la journée… Dans le premier texto, je dis d’abord que je suis caché, que je pensais qu’ils avaient tué les autres pour que les forces de l’ordre puissent quand même parer à toute éventualité, et je leur ai dit où ils étaient dans le bâtiment. Mes proches transmettaient à la police. Et ensuite, par l’intermédiaire d’un portable de ma famille, la police faisait le lien. »

« Est-ce que j’ai rassuré mes proches dans mes messages ? Il n’y a pas le temps pour ça. Le fait de savoir que j’étais caché les a un peu rassurés. »

« La police m’a demandé si je les entendais, si je pouvais donner leur position, où j’étais moi. »

« Ecoutaient-ils les médias ? Une grande chance que non puisqu’apparemment ça aurait été diffusé dans certains médias, comme quoi il y avait un otage caché… Chose qu’ils n’imaginaient pas : ils pensaient avoir relâché la seule personne qu’ils avaient le matin ! J’ai été plutôt chanceux qu’ils n’aient pas été tenus au courant des informations. »

« Je n’ai pas été prévenu de l’assaut, pour des raisons de sécurité je pense, si j’étais tombé dans les mains des terroristes entre temps… L’assaut, c’est des sons, des odeurs, on ressent les déflagrations : le meuble a bougé, les portes se sont ouvertes, tout est tombé autour de moi. Des débris de verres, j’entendais les voix des personnes du GIGN… Je me disais que c’était la libération. Dans les messages, je disais que je voulais que ce soit le plus rapidement possible. À la première détonation, je me suis dit : enfin, ça y est ! »

« C’est encore un peu surréaliste pour moi. »

« On m’a téléphoné une fois que l’assaut était terminé, pour me dire ne pas bouger. Juste après ce coup de fil, on a entendu une autre détonation. Je me suis dit que le bâtiment était piégé et que si une personne arrivait par la porte où j’étais, ça allait péter et j’allais tout prendre. Je suis parti au fond de la pièce, les jambes coupées, je me suis protégé derrière une chaise le plus loin possible de la porte et j’ai attendu les forces de l’ordre. »



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